Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/203

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rance qui, depuis la veille, ne s’était pas un instant démentie.

M. Levrault branlait la tête et pleurait dans son cœur le gendre envolé. Un gendre d’un si bon rapport et qui lui eût coûté si peu ! Après le déjeûner, il s’était retiré dans son appartement, autant pour échapper aux obsessions de Laure, qui ne se lassait pas de le harceler, que pour se livrer tout entier à l’amertume de ses réflexions. Laure avait tant fait que son père ne savait plus à quoi s’arrêter ; elle était revenue tant de fois à la charge, que la tête du grand industriel ressemblait à une arène où les pensées les plus contraires se choquaient, se heurtaient avec acharnement et s’entre-détruisaient comme des bêtes fauves. M. Levrault ne s’était jamais trouvé dans une position si critique ; disons le mot, il était aux abois. Il y avait des instants où il voyait Gaspard blanc comme