Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/376

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tendu pendant la nuit des bruits sinistres, M. Levrault le tança vertement et raconta ce qu’il avait vu la veille, en appuyant sur chaque mot d’un air d’importance, comme un homme qui n’a eu qu’à se montrer pour réduire l’émeute, comme un nouveau Neptune devant qui s’apaisent les flots irrités. Après avoir déjeuné seul, lentement, en vrai gourmet exempt de soucis, il descendit au jardin, et s’occupa d’improviser le discours qu’il se proposait d’adresser au roi le jour de sa réception. Comme M. Jourdain tournant un compliment à la belle marquise, il aurait eu besoin d’un maître de philosophie pour l’assister dans cette tâche laborieuse. Cependant, au bout de deux heures, il avait réussi à mettre debout, ferme sur ses jarrets, une phrase, une seule, mais qui en valait bien deux : Sire, c’est mon gendre qui me présente à votre majesté, mais c’est à moi