Aller au contenu

Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que votre majesté doit mon gendre. Heureux et fier d’avoir mis au monde cette phrase éloquente, il courut à son bureau, se hâta de l’écrire, afin de n’avoir plus rien à redouter des caprices de sa mémoire, et la serra soigneusement dans son portefeuille, comme une perle dans son écrin.

Dans l’après-midi, il voulut revoir ses chères Tuileries, théâtre prédestiné de ses prochains triomphes. Il suivait la rue du Bac d’un air préoccupé, récitant à voix basse son improvisation de la matinée, consultant son portefeuille chaque fois que sa mémoire bronchait. Au moment même où, pour la trentième fois peut-être, il redisait, avec une satisfaction toujours croissante : « Sire, c’est mon gendre qui me présente à votre majesté, mais c’est à moi que votre majesté doit mon gendre, » comme il débouchait sur le quai, il aperçut au pavillon de Flore d’étranges