Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fessez aujourd’hui. Jusqu’ici, je l’avoue, je n’avais jamais rien entendu de pareil. Vous m’avez révélé un monde nouveau ; qui donc vous l’a révélé à vous-même ?

— Ma science est l’histoire de ma vie, répliqua Solon en caressant sa barbe avec orgueil.

— Eh bien ! contez-nous votre histoire.

La marquise étouffa un soupir en songeant au récit dont elle était menacée.

— Vous voyez en moi, dit Solon, une victime de notre civilisation dépravée. Je n’ai pas connu mes parents. À l’âge de trois ans, je fus recueilli par un petit bourgeois, marié depuis vingt ans et désespéré de n’avoir pas d’enfants. Sa joie fut si grande en me voyant installé chez lui, qu’il ne fît aucune démarche pour découvrir le nom et la demeure de ma famille. Rien ne me manquait : bien nourri, bien vêtu, bien couché, logé chaudement je