Aller au contenu

Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

agenouillés au milieu de la cour, avec des oreilles d’âne ; j’étais un des trois. Savez-vous pourquoi on nous punissait ? Parce que nous n’avions voulu rien faire. Ainsi, la tartine de confitures m’avait révélé l’inégalité ; les oreilles d’âne me révélèrent l’injustice. L’école est l’image fidèle de la société. Dans ma vie si féconde en épreuves, j’ai retrouvé à chaque pas ce que l’école m’avait appris. Alléché par le fol espoir d’une prochaine indépendance, je m’étais résigné à écouter les leçons qu’on me donnait ; j’expiai cruellement mon imprudence. À peine savais-je lire, écrire et compter, que mon père adoptif me fit un second sermon et me parla de la nécessité de prendre un état. Placé en apprentissage chez un bijoutier, je découvris, dès les premiers jours, une des plaies les plus hideuses de notre misérable société, l’exploitation de l’homme par l’homme. Là, comme