Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/445

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de ma mission, s’oublia jusqu’à m’adresser quelques remontrances : je lui tournai le dos. Au lieu de flétrir mon intelligence dans un travail servile et mercenaire, comme tant d’autres de mes frères dont les yeux ne sont pas encore éclairés par la vérité sociale, j’ai grandi dans cette vie indépendante, que les bourgeois idiots appellent fainéantise, et que j’appelle apostolat. Tandis que mes frères, plongés dans les ténèbres de l’ignorance, gagnaient, à la sueur de leur front, le pain de chaque jour, nourrissaient leurs femmes, leurs enfants, et, follement préoccupés de l’avenir qui n’appartient qu’à Dieu, se condamnaient à l’épargne, moi, je m’asseyais à leur table, et je payais largement mon écot en leur distribuant le pain de la vérité. Affilié aux sociétés secrètes, aux ventes de la charbonnerie, j’ai miné la monarchie et préparé le grand jour de février.