Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/538

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Émus, agités par ce qu’ils avaient vu, ce qu’ils avaient pensé, ils marchaient silencieux le long des haies. C’était la première fois qu’ils se trouvaient ainsi, seuls, la nuit au milieu des champs. Les étoiles resplendissaient au-dessus de leurs têtes ; l’atmosphère, embaumée des senteurs de la lande, ajoutait encore au trouble de leurs âmes. Parfois le sentier qu’ils avaient choisi pour abréger la route se rétrécissait ; Laure, suspendue au bras de son mari, se serrait contre lui, ses cheveux effleuraient le visage de Gaston, leurs haleines se confondaient. Tantôt ils s’arrêtaient pour prêter l’oreille au bruit de la Sèvre ; tantôt ils ralentissaient le pas, se regardant à la dérobée, écoutant le battement de leur cœur, surpris et confus comme deux fiancés de la veille. Ils ne se parlaient pas, et pourtant ils n’avaient jamais été si près de se comprendre. Vingt fois ils