Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/539

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sentirent l’aveu de leur amour prêt à s’échapper de leurs lèvres ; vingt fois la honte du passé, la crainte de n’être pas aimé arrêta l’élan de leur tendresse. Ils arrivèrent au château sans avoir échangé une parole. Sur le seuil de la chambre de Laure, Gaston prit sa femme dans ses bras et l’embrassa comme il ne l’avait jamais embrassée, la pressa contre sa poitrine, et demeura quelques instants à la contempler. Au moment de la quitter pour long-temps peut-être, on eût dit qu’il voulait graver plus avant son image dans son souvenir, puiser dans ce baiser d’adieu l’énergie et le courage dont il avait besoin. Laure croyait toucher au bonheur ; Gaston s’enfuit sans trouver la force de lui annoncer son départ.

Restée seule, Laure savoura d’abord avec délices l’émotion enivrante de cette première étreinte amoureuse. Assise à sa fenêtre ou-