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le purgatoire

Les mauvaises nouvelles dont les Boches nous faisaient part nous réjouissaient. Et notre plaisir n’avait plus de bornes, quand nous apprenions de bonnes nouvelles de France. Or, nous sûmes que deux des officiers anglais qui devaient s’évader en quittant Vöhrenbach, étaient en sûreté à Berne : la kommandantur en fut charitablement informée. Des troupes russes avaient débarqué à Marseille : nous ne pouvions pas ne pas célébrer ce succès qui coïncidait avec la fête de Pâques. Le lendemain, les journaux ne nous furent pas distribués. La vente de l’alcool à brûler cessa. Le général commandant le XIVe corps d’armée nous inspecta le 24 avril. On nous permit d’écrire une nouvelle lettre en France. Personne n’écrivit. Les Boches étaient furibonds. Le 28, un colonel, du cabinet du ministre de la Guerre, nous inspecta. Évidemment, on voulait constater les progrès du régime. Le colonel en fut pour son voyage. On nous retira les serviettes de toilette que l’administration nous fournissait gratuitement, et l’on nous rappela que la kantine en vendait. La kommandantur était assaillie de réclamations. L’un exigeait la nourriture que les officiers allemands avaient à Saint-Angeau. L’autre se plaignait de l’éclairage électrique et voulait une lampe à pétrole.

Comme à Saint-Angeau !
Comme à Saint-Angeau !

La prairie nous était consignée. Une barrière limitait la zone de nos promenades circulaires. Les gens du village, plus que jamais, s’approchaient des fils de fer pour mieux nous voir. Le bruit de nos manifestations bouleversait les civils. Un groupe de jeunes gens passa