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la vie quotidienne

diens qui vont et viennent, trouvent le moyen de reproduire à la main, à un nombre indéterminé d’exemplaires, la carte indispensable à celui qui va s’évader. Ils se dévouent pour tous avec une ardeur que rien ne démonte. Le temps n’a plus de prix en prison. Une carte est-elle découverte par la kommandantur ? Peu importe. Le topographe en reproduit une nouvelle, et l’incident est clos.

Enfin, bon nombre d’officiers tiennent un journal de captivité en double ou en triple expédition, de crainte que l’une d’elles ne soit confisquée par les Boches trop curieux. On collectionne les ordres odieux, les mots significatifs, les anecdotes ridicules. Celui-ci inscrit ponctuellement sur un carnet les menus qu’on lui a servis depuis qu’il est en Allemagne ; un autre enregistre le contenu des colis qu’il reçoit de France ; un troisième possède tous les communiqués officiels, aussi bien ceux des empires centraux que ceux des puissances de l’entente, et l’on a souvent recours à lui pour trancher une discussion d’où l’on ne sortait pas.



Les prisonniers ont le droit de s’abonner à des gazettes dont la kommandantur autorise la lecture. On s’arrange pour que, dans une même chambre, on ait des feuilles différentes, afin de pouvoir confronter les nouvelles, et tel s’abonne pour un mois à la Frankfùrter Zeitùng ou à la Koelnische Zeitùng, terrible aux Français, et tel choisit le Lokal Anzeiger de Berlin, qui est un organe officieux, ou la Neùe