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la vie quotidienne

— Le commandant du camp m’a dit de visiter vos bagages.

— Visitez-les.

Et le prisonnier, que l’incident avait distrait, reprend ses occupations, comme si l’affaire ne l’intéressait pas.

L’Allemand est décontenancé,

— Vos bagages, monsieur, où sont-ils ?

— Là, monsieur, sous mon lit et sur cette planche.

Si c’est le Lièvre effrayé qui opère, il rougit jusqu’aux oreilles, qu’il a très grandes. Si c’est Barzinque, brute épaisse, il tire à lui la cantine et l’ouvre sans scrupule. Il remue tout, déplie le linge, plonge les doigts dans les poches des vêtements, ouvre les boîtes et farfouille à plaisir. Seule, la colère de ne rien trouver le trouble. Le Lièvre effrayé, lui, procède plus vite et plus sommairement. Ces bassesses indignes le gênent. Il pourrait mettre la main sur une boussole sans se rendre compte qu’il touche une boussole. Il a hâte de s’acquitter. Il exécute l’ordre, parce qu’il est soldat, mais il l’exécute mal. Et puis, il ne nous croit pas assez nigauds pour laisser traîner nos secrets dans une malle. Le plus délicat reste à accomplir.

— Monsieur X*** ?

— Présent.

— Je dois vous fouiller aussi.

— Faites, faites.

Le prisonnier se lève, se plante devant le Boche, et attend. Barzinque n’hésite pas. Le Lièvre effrayé voudrait bien s’en aller.

— Votre portefeuille, je vous prie ?

— Prenez-le.