V eu que deslors fuz mis soubz, un ioug tel
Q ue i’ay du mal plus qu’autre homme mortel.
D ire le puis, Amy, l’experience
M e faict quasi perdre la patience.
Ie vey premier luyre l’un de ses yeuz
P uis l’autre apres, en maintien gracieux.
Bien me souvient qu’elle estoit rebrassée
I usqu’aux genouz & que teste baissée
A u chault du iour un linge en l’eau lavoit,
C hantant si douz que tout ravy m’avoit :
M ais außitost comm’elle m’entreveit,
E lle se t’eut, que pas un mot ne deit,
D ont i’eu grand deuil : & pour plus me fascher,
E lle s’en va sa robe delascher
P our s’en couvrir : puis sans craindre avanture,
E n l’eau se mect iusques a la ceincture.
P arquoy de rage, a moins de dire ouy,
E n terre cheu tout plat esvanouy.
Lors par pitié me voulant secourir,
E lle s’escrie, & se prend a courir
T out droict a moy, si que ses cris trenchans
F eirent venir tous les pasteurs des champs,
Q ui des moyens plus de mille tenterent
P our me resourdre : & tant en inventerent,
Q ue mon esprit de sortir appresté,
F ut (pour adonc) en mon corps arresté,