Page:Sannazare - L'Arcadie, Martin, 1544.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ARCADIE


R emediant a ma vie doubteuse.

Cela voyant la pucelle honteuse

S e retira, monstrant se repentir

D u bon secours que m’avoit faict sentir.

P arquoy mon coeur de sa beaulté surpris,

D e desir fut plus vivement espriz.

Ie pense bien que cela feit la belle

P our se monstrer gracieuse & rebelle.

Rebelle est bien d’user de ces facons,

E t froide plus que neiges ou glassons :

C ar nuyt & iour a mon secours la crye,

M ais ne luy chault de ce dont ie la prie.

Ces boys icy scavent assez combien

I e luy desire & d’honneur & de bien,

S i sont ruysseauz montaignes, gens, & bestes.

C ar sans cesser iours ouvrables & festes,

E n soupirant d’amour qui me provoque,

I e la supplie, & doucement invoque.

Tout mon bestail qui sans cesse m’escoute,

S oit qu’il rumine en l’umbre, ou au boys broute,

S cait quantes fois ie la nomme en un iour

P iteusement, sans pause, ny seiour.

par fois Echo qui me convoye,

M e faict tourner quand elle me renvoye

S on ioly nom iusques a mes oreilles

S onnant en l’air si doux que c est merueilles.


ces ar-