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L’ARCADIE

gnant aucuns remedes plus faciles a dire qu’a mettre en execution. Puis voyant que le soleil approchoit de l’occident, & que les fascheux grillons ia commenceoyent a criqueter dans les crevasses de la terre, sentãs approcher les tenebres de la nuyt, nous ne voulans permettre que le poure desolé demourast la tout seul, quasi par contraincte le levasmes sus ses piedz : & incontinent le petit pas, feismes tourner noz bestes devers leurs estables. Et pour moins sentir le travail du chemin pierreuz plusieurs en allant se prindrent a sonner de leurs musettes a qui mieulx mieulx, chascun s’efforceant produire quelque chanson nouvelle. Ce pêdant l’un appelloit ses chiens, l’autre ses bestes, par noms propres. Quelqu’un se plaignoit de sa pastourelle, quelque autre rustiquement se ventoit de la sienne. D’advantage plusieurs bons compagnons alloyent en termes ruraux se mocquans & gaudissans les uns des autres. Et cela dura iusques a ce que feußions arrivez en noz cabannes couvertes de chaume. Or se passerent en ceste maniere maintes iournees. Puis un matin advint que moy (suyvant le devoir de bergerie) ayant fait paistre mes bestes a la rosee, & me semblant que pour la grande chaleur prochaine il estoit heure de les mener a l’umbre en quelque lieu ou moy &

elles