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L’ARCADIE

Chanson de plaisance née

P rie aux dieux toute l’année

Q ue cest heureux iour icy

P uisse estre a iamais ainsi.

La chanson de Galicio contenta merveilleusemêt tous ceux de la compagnie, mais ce fut en diverses manieres : car les uns priserent sa voix resonante, les autres sa bõne grace, disant qu’elle estoit assez attractive pour induire a aimer toute pucelle, pour rebelle qu’elle fust a l’amour. Plusieurs estimerent sa ryme iolye, & encores inusitée entre pastoureaux rustiques. Et aucuns s’esbahyrent plus que d’autre chose, de son prudent advis & disscretion, quand se trouvant forcé de nommer le moys qui est perilleux aux pasteurs & aux bestes, il l’appella precedent d’Avril : comme s’il eust volu eviter le mauvis Augure en une si gaye iournée. Mais moy qui ne desiroye moins congnoistre ceste Amarãtha, que i’avoye esté curieux d’escouter la chãson amoureuse, tenoye songneusement les yeux fichez sus les visages de ces ieunes bergieres, & les oreilles ententives aux paroles du pasteur amoureux, estimant que ie le pourroye bien a l’ayse congnoistre par les gestes & contenances de celle qui se sentiroit nõmer de son amy. Et a la verite ie ne fuz dé-

ceu de