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L'ARCADIE


en feismes les approches, & nous allasme seoir soubz un arbre dont l’umbrage estoit assez ample & spacieux. Puis cõbien qu’il se trouvast en la troupe plusieurs pasteurs singulierement bons ouvriers de sonner harpes & musettes, si pleut il a la plus grand partie ouyr chanter Logisto & Elpino, a l’envy l’un de l’autre. C’estoient deux ieunes hommes natifz d’Arcadie, autant promptz & appareillez, chascun en son endroit a commêcer, cõme a respondre : Logisto bergier, & Elpino, chevrier. Mais Logisto ne voulant chanter sans gaigner ou perdre quelque chose, soudainemêt consigna une breby, & deux agneauz disant a sa partie : Tu pourras de cecy faire sacrifice aux Nymphes si la victoire t’est adiugée : mais si les dieux de leur grace me l’ottroyent, tu me bailleras pour la palme cõquise ton cerf domestique. Quant est de mon cerf domestique (respondit Elpino) depuis le iour que ie l’ostay a sa mere qui encores l’allaictoit, ie l’ay tousiours reservé pour ma Tyrrhena, & pour l’amour d’elle curieusement nourry en cõtinuelles delices, le pignant souvêtesfois sus les bordz des claires fontaines, & attachãt a ses cornes force beauz boucquetz, de roses & de fleurs. Qui plus est, ie l’ay si bien mgnoté, qu’il s’est accoustume de menger a nostre table. Et quãd il est peu a sõ ayse, il s’en

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