Page:Sannazare - L'Arcadie, Martin, 1544.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DE SANNAZAR. 23


va tout le reste du iour errant par les forestz, puis revient a la maison quãd bon luy semble : mais c’est aucunesfois bien tard : & me trouvãt a la porte, ou ie l’attens de grande affection, il ne se peult souler de me faire mille caresses, ains sautelle entour moy, & faict infiniz autres esbatemens. Mais la chose qui me plaist de luy sus toutes, c’est qu’il congnoist & ayme sa maistresse, car il endure patiemment qu’elle luy mette le chevestre au col, & l’applanye a son plaisir. Davantage de sa franche volunte luy tend le col pour estre attelé soubz le ioug, & par fois presente son doz, afin qu’elle luy mette le bast, puis mõte dessus a sõ ayse. Lors il la porte par les chãpz sans luy faire ny peur ny mal. Or ce collier de coquilles marines, ou pend celle dent de sanglier qui a forme de croyßant, que tu luy veoys battre sus la poyctrine, sadicte maistresse luy attacha, et faict porter pour l’amour de moy : parquoy ie ne mettray pas ce gaige : rnais ie t’en fourniray d’un que tu iugeras nõ seulement suffisant, ains plus recevable que le tiê. Ce fera un grãd bouc de poil bigarré, barbu a merveilles, armé de quatre cornes : & coustumier de vaincre les autres a heurter : voyre qui par faulte de pasteur cõduyroit bien aux champz un troupeau, quelque grãd qu’il fust : Et si ce n’est assez ie mettray d’avantage un vaisseau