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DE SANNAZAR. 5
troupeau. Lors en proposant diverses manieres d’esbatemēs, tous sentoyent plaisir inestimable, excepté le poure Ergasto, lequel s’estoit aßis loing de la troupe au pied d’un arbre, & la se tenoit sans parler ny mouvoir, cōme une pierre ou quelque souche, non recors de soy ny de ses bestes, combien que au paravant il avoit tousiours esté plus gracieux & recreatif que nul des aultres. Quoy uoyāt Seluagio, meu a compaßion de son miserable estat, pour luy donner allegeance de ses tourmentz, se print ainsi amiablement a l’araisonner chātant a haulte voix :
SELVAGIO.
A my, pourquoy te veoy ie en ce poinct taire,
M orne, pensif dolent, & solitaire ?
I l n’est pas bon de tes bestes laisser
A leur plaisir ces landes traverser.
Veoy celles la qui passent la riviere :
V eoy deux belliers qui courent la derriere
L es testes bas, s’ils se mettent empoinct
P our se chocquer tout en un mesme poinct.
Au plus vaillant les autres favorisent,
S uyvent ses pas, le reverent & prisent,
C hassant d’entr’eulx mocquant par semblant
L e desconfit de vergongne tremblant.
Ne scaiz tu pas qu’encores que les loupz,