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L’ARCADIE
N e facent bruyt, leurs pillages sur nous

S ont merveilleuz, veu que noz chiens de garde

S ont endormiz, & que n’y prenons garde ?

Ia par les boys amoureux oyselletz,

S’ apparians sont leurs nidx nouvelletz,

La neige fond, & coule des montagnes,

D ont semble a veoir qu’il sourde en ces cãpagnes

F leurs a milliers, & que toute branchette

N ouveaux bourgeons & tendres feuilles gette.

Ia les agneaux iusques aux plus petitz

V ont passturant l’herbette en ces pastiz ;

E t Cupido reprend pour son soulas,

F leches & arc, dont oncques ne fut las

D e navrer ceulx qui luy font resistence,

E t transmuer en cendre leur substance.

Progne revient de region loingtaine

A vec sa seur, en querele haultaine

S e lamenter de l’ancien outrage

Q ue Tereus leur feit par grande rage.

Mais(a vray dire) ores tant peu se treuve

D e pastoureaux qui chantent a l’espreuve

E n l’umbre aßiz qu’il semble que nous sommes

E n la scythie entre barbares hommes.

D ont puis qu’a toy nul de nous se compare

A bien chanter, & le temps s’y prepare,

C hante de grace une chanson ou deux.


Erga-