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MŒURS FIN DE SIÈCLE


le rythme des entrechats ; les feuilles des maronniers du jardin prennent elles-mêmes des teintes de décoration théâtrale ; elles sont vertes, d’un vert de zinc solairement fatigué. L’odeur qui se dégage de la foule y est fausse ; la sueur des fronts, des goussets et des ventres, tamisée par des épidermes malpropres, fleure inhumainement. L’atmosphère y est falsifiée. La falsification de l’air ambiant réagit sur les cerveaux qu’elle détraque ; ainsi, des jeunes gens pas beaucoup distingués essaient la force de leurs biceps sur l’estomac d’un mannequin dont le mécanisme intérieur, apprêté, annonce une vigueur qui n’est pas vraie.

— Ton éducation est à refaire, mon petit.

Mauri était passé dans le salon pour s’habiller. Une rumeur montait de la rue. Un attroupement, formé juste devant la porte de la Pondeuse, levait les yeux en l’air ; tous ces museaux humains regardaient quelque chose. Quoi ? Le feu ?