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MŒURS FIN DE SIÈCLE


que j’ai connu en pension chez les frères de Juilly.

— Jardisse !

— Noirof !

En effet, c’était deux amis de pension. Jardisse, un raté, après avoir tâté de la médecine, s’était lancé dans le commerce d’antiquités, où il avait mangé une centaine de mille francs en noces et en voyages. Puis il avait fermé boutique, une pauvre petite boutique humide de la rue Jacob, pour essayer autre chose. Sa famille dont il ne portait que les défroques hors d’usage, lui coupait les vivres. En lisant dans les journaux les annonces de mariage et les boniments des financiers véreux, il songea à exploiter la bêtise humaine. Comme la Bêtise est éternelle, il y aura toujours moyen de l’exploiter. Le Créateur, s’il y en a un, commit une lacune lorsqu’il tira du néant le premier homme et la première femme : il oublia de ne pas les créer à son image. De