Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
LE TUTU


ves gens, quelques centaines de mille francs pour construire un escalier, puis ils sont redescendus chez eux en se frottant les mains. Savez vous ce qu’ils faisaient, en ce temps-là, monsieur, chaque matin ? Eh bien, ils sortaient, levaient la gueule vers le rocher, et rentraient en disant : Encore rien. Il n’y avait encore rien.

— Que voulaient-ils ?

— Voir pousser des maisons, pardi ! Ordinairement, quand on fonde une cité, on commence par bâtir des maisons ; l’espace qui les sépare devient une rue. Ici, ils ont fait le contraire : ils ont d’abord construit des rues, en se disant que les maisons sortiraient toutes seules. Mais voilà, elles n’ont pas poussé. On a beau les arroser, elles ne viennent pas. La terre est tellement inculte, qu’elle ne produit rien, pas même des maisons.

Ils cheminèrent sur le bord de la falaise ; au pied, tout en bas, la mer était crayeuse, en raison de la nature facilement désagrégeable