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MŒURS FIN DE SIÈCLE


rendaient également, par leurs orifices buccaux, tout ce qu’ils avaient dans l’estomac. Seul, toujours debout sur son petit banc, l’artiste triomphait ; il mâchonnait lentement ; les vers lui dégoulinaient du coin des lèvres, il les rattrapait avec empressement et les remâchait avec amour. Et lorsqu’il eut terminé ce diabolique repas, il régala la société d’un morceau de musique funèbre, un de profundis bien appliqué sur les joues. On fit disparaître le chat, il y eut un moment de détente, chacun se regarda. Mon Dieu, que l’on avait l’air bête ! Pancrace, un peu dégrisé, dit à Noirof :

— Parfaitement, tous les journaux ne parlent que de ça. Il faut aller voir votre mère.

Et ils partirent immédiatement. Noirof, toujours déguisé en cocher, conduisait lui-même un fiacre, le reste de la bande suivait dans quatorze voitures qui brûlaient le pavé. Lorsque ce défilé arriva rue de Presbourg, le quartier fut en émoi, on crut à une descente