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LE TUTU


cles. Le parquet n’est qu’une immense glace de Venise ; lorsque les femmes marchent dessus, il ne leur est pas difficile de s’expliquer pourquoi les hommes ont constamment les yeux baissés, ils cherchent à explorer leurs dessous. De chaque côté de la salle, sur des piédestaux en ivoire sculpté, s’alignent des statues que l’on enlève les jours de fête, et les murs sont tapissés d’étoffes en or broché, constellées de rubis. Un salon précède l’entrée du théâtre, il est entouré d’une cymaise qui supporte en temps ordinaire un fouillis de bronzes rares ; on enlève ces bronzes les jours de fête.

Lorsque l’évêque de Djurdjura fit son entrée, une musique invisible entonna la Marseillaise, et une débauche de lumière électrique inonda des groupes de femmes nues qui remplaçaient les bronzes de la cymaise. Elles étaient immobiles comme des marbres. Et de ces corps blancs animés se détachait, par-ci par-là, la