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MŒURS FIN DE SIÈCLE


note sombre d’un chien ou d’un éléphant vivants, posés chacun sur son socle, aussi immobiles que les femmes, et que le duc avait éduqués spécialement pour ce genre d’exercice. L’étalage de cette chair humaine et animale fut un des clous de la soirée ; elle provoqua un frisson d’admiration générale, et l’évêque en rigola comme une petite folle. Il était soûl, ayant bu outre mesure au dîner de madame Perle, un dîner qui n’avait coûté que la bagatelle de quatre-vingt mille francs pour dix convives. Des ministres, des sénateurs, des aristocrates mâles et femelles, tous d’humeur un peu guillerette, avaient répondu à l’invitation du duc de la Croix de Berny, et c’est avec des mouvements titubatoires qu’ils pénétrèrent dans la salle de spectacle où, de nouveau, sur les piédestaux en ivoire sculpté, se tenaient des statues vivantes. L’évêque tâtait les mollets de l’une d’elles, un très joli modèle du quartier Montparnasse, appelé Philomène.