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LE TUTU


une affreuse mégère qui l’a quitté pour se lancer dans une série d’aventures plus amoureuses les unes que les autres, et qui le cocufie sur le champ avec son infernal compagnon. Il s’en revient tout penaud, rencontre le crapaud, l’écrase du pied, et meurt.

Sur ce livret baroque, une dame du monde, musicienne de beaucoup de talent, avait improvisé de très mauvaise musique, et les vers, dus à la plume d’un de nos plus célèbres académiciens, étaient plus médiocres encore ; mais l’intérêt résidait tout entier dans le ballet, interprété par des danseuses toutes nues. Le duc l’avait réglé lui-même, et il s’y était réservé un rôle de coryphée qu’il enleva bancalement. Il apparut en habit rouge avec tutu et jupe de tarlatane jaune parsemée de roses naturelles ; il envoyait des baisers aux quatre points cardinaux ; il souriait comme un homme constipé. Chacun le trouva très inférieur et l’applaudit frénétiquement.