Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
MŒURS FIN DE SIÈCLE

Mauri de Noirof disait à sa mère :

— Elle est très bien, cette petite gonzesse. Elle a paru scandalisée pendant toute la représentation. C’est une personne bien élevée.

— Veux-tu que je te présente ?

— Avec plaisir.

Elle s’appelait Hermine Israël. Les Noirof et les Israël se connaissaient, parce qu’ils se rencontraient depuis longtemps et très souvent chez un marchand d’antiquités de la rue Ferou. Hermine avait vingt-huit ans. Une fille archipotelée, pas belle ni jolie, rouge, brune, les lèvres sensuelles et des yeux d’une douceur d’agneau. Son père, un des plus importants marchands de reconnaissances du Mont de Piété de Paris, était mort, et elle demeurait avec sa mère, dans un petit entresol du boulevard Saint-Germain. Les Israël vivaient sur un pied de cent mille livres de rente.

— Et la petite doit, de plus, hériter de deux ou trois cent mille francs d’une vieille

5