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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/140

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la jeune fille.

but plus sincère, et vraiment évident, de se divertir.

Les amitiés se nouent vite, à l’ombre de beaux arbres, avec l’aide nonchalante de rocking bien en place, le hasard heureux de rencontres incessantes, et la griserie de valses, jouées à toute heure par de faux tziganes, sur d’hospitalières terrasses. Les clans sympathiques, bientôt, se forment : et si je vous disais qu’on n’y potine pas un peu, vous ne me croiriez pas, car vous savez qu’à la mer comme à la montagne, après s’être extasié sur les beautés naturelles du lieu, la conversation, par une pente inévitable, tourne dans le même cercle étroit ; on s’informe copieusement des faits et gestes du voisin, afin d’avoir l’occasion de les commenter sans bienveillance.

J’avais, tout de suite, remarqué l’indiscrétion maladroite de la mère en mal de gendres. Elle paraissait enragée de n’avoir point de relations, et mourir du désir de s’en créer sur-le-champ. Ses filles, petites blondinettes grassouillettes, serrées à étouffer dans leur corset, venaient, avec insistance, fourrer leur nez, que Dieu n’avait pas fait beau, partout où elles entendaient rire ou causer, tâchant de se mêler à la conversation sans qu’on les en priât, et s’insinuant de force dans les groupes qui leur parais-