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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/310

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la femme.

route serait une peine, la suivre un effort ; et puis, à quoi bon ? Les heures coulent, les jours passent, les années fuient ; rien ne change : après le soleil vient la pluie ; après la pluie, vient le soleil ; un jour, on naquit ; un jour, on mourra. Tout cela est fatigant et à peu près inexplicable. Autant se laisser porter par les flots sans chercher à comprendre.

Et ces femmes-là encore ne sont pas heureuses, cousine, étant mécontentes d’elles-mêmes.

Faut-il souhaiter à nos filles de devenir des intellectuelles pour qu’elles goûtent enfin le bonheur ?

Oh ! non, cousine, toute intelligence qui ne possède point pour régulateur le cœur, et que l’on développe au delà des proportions normales, devient une monstruosité de la nature. L’orgueil la déforme, la vanité la gonfle, l’égoïsme la dessèche, car les vertus de l’esprit ont cette marque particulière chez la femme qu’elles n’acquièrent leur plénitude et leur rayonnement que doublées de tendresse et d’amour.

Les richesses de la fortune, de la beauté, de l’intelligence, pas plus que la médiocrité tant chantée par les sages, n’assurent le bonheur… Comment, alors, cousine, prierons-nous Mmes les Fées ? Quels vœux oserons-nous formuler au