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le rire.

parce qu’ils ont en eux des trésors dont nous perdons le secret avec l’âge et l’expérience. Ils possèdent l’innocence, la gaieté, la candeur et le contentement perpétuel que donne à leurs yeux étonnés, à leur imagination fraîche, le spectacle d’un monde nouveau, peuplé de merveilles.

Il y a, dans le rire, toujours un peu de jeunesse qui passe, et c’est pourquoi, sans doute, à tout âge, je trouve qu’il a des grâces réjouissantes et que les vieilles gens mêmes n’y sont point ridicules.

« Les sots ne savent pas rire », écrivait, à la fin du dix-huitième siècle, je ne sais plus quel auteur. J’ajouterai que les méchants en doivent être également incapables. Il faut avoir un peu d’ingénuité et de bonté dans l’esprit, pour se divertir sainement, franchement, et laisser dilater son cœur dans la joie de vivre… et de rire tout son soûl.

Or, qui l’eût cru ? Je viens d’apprendre, avec stupéfaction, que le Fou Rire est une maladie. Oui, cousine, une très vilaine maladie, dont on ne saurait soigner trop tôt les écarts, et qui indique, chez les enfants atteints de cette infirmité, les plus fâcheuses dispositions.

Un enfant éclate-t-il de ce joli rire argentin et aigu que rien n’arrête, qui roule comme un