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l’enfant.

torrent, monte, descend, pâme de joie et se communique, par contagion, aux êtres qui l’environnent, le cher petit devra être surveillé de très près, et, s’il y a lieu, soumis au traitement suivant : Régime lacto-végétarien ; pilules toniques et laxatives ; douches tièdes ou écossaises.

C’est moi qui ai reçu la douche, en prenant connaissance de l’avertissement ! Car il n’y a pas huit jours, je m’étais abandonnée au détestable fou rire et — jugez la gravité du cas — je l’avais gagné en compagnie d’un petit garçon.

Pierre adore les histoires. Il les écoute bouche bée, le cou tendu dans l’effort d’ouïr mieux, les yeux avides et brillants. Il palpite aux récits tendres, mais, par goût, préfère les contes pittoresques accompagnés de grands gestes, soulignés de mimique, tenant, à la fois, de guignol, de la pantomime et de la grande tragédie.

M’étant mise en frais d’imagination pour lui plaire, j’avais inventé je ne sais quelle aventure de Marseillais, que je m’évertuais à narrer avec l’ « assent », la soulignant de roulements d’r et de gestes terribles.

Arrivée au point culminant du récit, tout d’un coup, je laissai tomber mon poing sur la table :

— Trroun de l’air ! s’écria Marius, furieux…