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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/363

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une promenade à fontainebleau.

ment et aussi… un supplice de Tantale, car, le printemps, — le doux printemps des poètes, — qu’on devine à Paris, en humant le zéphyr par la croisée ouverte, vous inspire de furieuses envies de planter là plume et paperasserie, et d’aller où il éclate dans toute sa splendeur : à la campagne.

Pour le plaisir de cueillir soi-même quelques brins de muguet dans les bois, d’entendre le pépiement des oiseaux jacassant d’un nid à l’autre, on donnerait le meilleur des manuscrits, le plus poétique des livres…

En semaine, il faut savoir secouer cette nostalgie de l’espace, de l’air, des champs et rester très sage, là où le devoir vous enchaîne ; mais, le dimanche, quand le temps est idéalement pur et embaume le printemps, que faire, si ce n’est se griser de campagne, voir du gazon, des arbres, des routes et des grands morceaux de ciel ?

C’est à quoi je songeais, un peu mélancolique, dimanche dernier, juste au moment où la corne d’un automobile se mit à déchirer l’air. Tout aussitôt, un violent coup de sonnette ébranla la maison.

— Nous venons vous enlever, vous et les vôtres, prononça une voix affectueuse ; entendez-vous le tu, tu, tu, tu, qui vous réclame en