Aller au contenu

Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
364
l’enfant.

C’est là que, du haut de leur vigie, les cochers, vêtus avec le plus aimable pittoresque, la trogne enluminée, la pipe à la bouche, attendent, flegmatiques, qu’un coup de sifflet les appelle près du client. Tout le long de ces voies grouillantes, bruyantes et sombres, traversées d’omnibus criards, disparaissant sous la bariolure des réclames, s’alignent des immeubles étrangement décapités, et qui noircissent de honte d’être obligés de se montrer aux Français sans la parure décente de leurs toits. Les murs, les édifices, les boutiques, les maisons et les palais se confondent dans un même air poussiéreux et charbonneux. C’est la symphonie du noir !…

Londres ressemble beaucoup plus à une magnifique usine — lançant, avec le jet noir de sa vapeur, des forces vives chargées d’électricité — qu’à une belle ville dans le sens esthétique du mot.

Cependant, la vie, l’activité, le mouvement, la sève, qui débordent de ces rues trop étroites, lui donnent un caractère particulier qui subjugue après avoir déplu, et surtout, ce qui étonne et qu’on admire, c’est le Londres qu’on découvre derrière ces murs gris, dans la douceur de ses homes confortables, dans la splendeur incomparable de ses musées… Il semble que, par une