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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/42

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la jeune fille.

guerre, se font tuer ! s’écriait, en manière de boutade, je ne sais plus quel général.

On pourrait affirmer également que ce sont toujours les mêmes jeunes filles qui n’ont le temps de rien. Elles poussent des soupirs à fendre l’âme, assurant qu’il ne leur reste pas une minute pour respirer ; et, cependant, les heures s’envolent sans laisser la moindre trace dans leur cœur ni dans leur cervelle.

— Je n’ai pas le temps ! répètent-elles à tout propos, d’un air las ou énervé comme si elles pliaient sous le faix de trop nombreuses occupations.

Et le mécontentement obscur dans lequel elles sont d’elles-mêmes, la fatigue d’efforts vains, le poids de journées mal remplies qui les accable, les prédisposent à la neurasthénie.

Si j’étais médecin et que l’une de ces pauvres malades vînt me consulter, j’ausculterais probablement ses poumons, je compterais les battements de son cœur et vérifierais les ballonnements de son estomac, parce que ces gestes fatidiques symbolisent le métier, mais je crois surtout que je lui poserais cette question indiscrète :

— Mademoiselle, veuillez me dire l’emploi d’une ou de plusieurs de vos journées.

Et si la fillette me regardait avec des yeux