les comparant entre eux, tâchant d’en discerner le meilleur, le plus harmonieux.
Neuf fois sur dix, je me trompais ; mais mon père, avec une patiente bonté, m’en donnait les raisons. Et je sentis alors, peu à peu, le plaisir divin qu’on éprouve à la lecture d’une belle page.
— Vois-tu, me disait souvent ce bon père, chaque œuvre nouvelle doit apporter à ta jeune imagination « des fruits et des fleurs, des vérités et des rêves ». Mais encore faut-il que tu saches cueillir les fleurs et les fruits, que tu sentes les vérités, et que ton esprit prenne, parfois, les ailes du rêve !
Quel conseil meilleur pourrais-je vous donner que celui transmis par ce maître merveilleux ?
Lisez donc, ma chère cousine, mais lisez avec art ; songez, tout en fixant les pages, à ce qui faisait le désespoir de ma jeunesse.
Le chapitre et les dix lignes ! Et ce simple effort formera si parfaitement votre goût, que chaque livre vous apportera, je n’en doute pas, toute une moisson de fruits et de fleurs, de vérités et de rêves.