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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/9

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vii
préface.

déjà, il a pris une forme nouvelle ; le bonheur qu’on espérait hier, avec une ardeur passionnée, et qu’on tient aujourd’hui, n’est presque plus du bonheur ; il semble que, par je ne sais quelle fatalité secrète, il perde sa force dès qu’on le touche, et c’est sans doute la raison pour laquelle tant de gens heureux ne connaissent pas leur bonheur. Ils courent comme des fous à sa recherche, alors qu’il est blotti à leurs pieds et, s’ils voient clairement celui qui n’est pas leur lot, mais le bien du voisin, chez eux leurs yeux sont aveugles.

Ne trouvez-vous pas étrange, cousine, que les plus sensés d’entre nous éprouvent ce sentiment d’ingratitude envers tout bonheur acquis, et cette soif inextinguible d’en conquérir de nouveaux ? Parmi les souhaits que vous formuliez dans votre jeunesse, sans oser croire que la fortune les exaucerait, combien se sont réalisés dont vous avez oublié jusqu’aux désirs qu’ils éveillaient en vous ? Je me souviens parfois, avec un sourire de pitié, des rêves de mon enfance, si