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LA HAINE.

MASTINO.

Faut-il vous le dire, hélas ! Dès cette nuit Malerba, siégeant dans les ruines de la vieille Seigneurie, a lancé des décrets de proscription et de mort !…

CORDELIA, de même.

Et ce glas qui sonne ?…

MASTINO.

Non ! — Les bourreaux attendent qu’il soit jour !… Ce glas est celui des victimes de la bataille dont les cercueils encombrent les églises !… Et que sera-ce, grand Dieu, si la peste, cette envoyée de la colère céleste, fait, comme je le crains, son apparition dans la ville ?

CORDELIA.

Une heure vient aussi où Dieu se lasse !…

MASTINO.

Il faut que je vous quitte, Madame. — Je reviendrai au grand jour, pour emmener notre blessé !…

CORDELIA.

Et s’il s’éveille avant… et qu’il veuille sortir ?…

MASTINO.

Laissez-le faire !… et lui ouvrez les portes !

CORDELIA.

Moi ?… Oh ! non ! non ! Il ne faut pas qu’il me voie !… Et à ce propos… ne s’est-il pas inquiété du lieu où il se trouve ?

MASTINO.

Il se croit dans une maison déserte !

CORDELIA.

Sans soupçon de celle-ci ?

MASTINO.

Aucun !

CORDELIA.

Ni de moi ?…