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ACTE QUATRIÈME.

CORDELIA.

Et tu quitteras ce logis ?

GIUGURTA.

Oh !… plus par ces ruelles dangereuses…

CORDELIA, inquiète.

Et par où donc ?

GIUGURTA, remontant.

Par un chemin plus sûr !… Les jardins du couvent !… Par là !… (Il désigne la porte de la chambre où est Orso.)

CORDELIA, épouvantée.

Par là ?…

GIUGURTA, se dirigeant vers la porte.

Oui, l’escalier…

CORDELIA, s’élançant devant la porte.

Arrête !… et n’ouvre pas cette porte !…

GIUGURTA.

Pourquoi ?

CORDELIA, dans le plus grand trouble, balbutiant, en cherchant ses raisons.

On te verrait !… Il n’y a plus là que le vide !… Tout s’est écroulé derrière !…

UBERTA, surprise.

Comment ?…

GIUGURTA.

Alors il faudra bien… (Rumeurs et sons de trompettes dans la rue.) Silence !… Écoutez ! (La fenêtre s’éclaire subitement de la lueur des torches portées dans la rue ; cette lumière toute rouge se projette sur une partie de la chambre ; Uberta soulève la draperie pour écouter ; Cordelia, au milieu, plus haut, prête aussi l’oreille, gardant toujours la porte d’Orso ; Giugurta à gauche couvre la lumière. Silence.)

UN HÉRAUT, dans la rue.

Gens de Sienne ! — le tribunal du peuple vous fait savoir qu’il a décrété de mort les traîtres Giugurta et Ercole