Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LA HAINE.
CORDELIA, avec douleur.
Et sans amour !… Insensé !… Ce n’est pas réparer, c’est éterniser l’outrage !…
ORSO.
Et crois-tu donc que le remords seul me jette à tes pieds ?… Ah ! Cordelia !… C’est mon cœur tout entier, je te le jure, et tout mon amour, que je te donne !…
CORDELIA.
Va-t-en ! va !… C’est fini, je suis morte à ce monde !….
ORSO, devant elle pour l’empêcher de sortir.
Pas encore !
CORDELIA.
Je me suis donnée à Dieu !… Je suis à Dieu !…
ORSO.
Non ! — Tu n’es pas à Dieu !… car avant d’être à lui, tu es à moi !
CORDELIA.
Oh !
ORSO, avec violence.
Et par un lien que tu peux détester et maudire !… Mais brise-le donc !…
CORDELIA, redescendant, révoltée.
Ah ! le lâche qui ose invoquer !…
ORSO, avec une passion ardente.
Je te réclame !… Je te veux !… et je te prends !
CORDELIA, révoltée.
Ah ! je te hais !…
ORSO, ardemment.
Et moi, je t’aime !
CORDELIA, saisissant sur la table le poignard laissé par son frère.
N’approche pas !… Je te tue !…
ORSO, s’offrant au coup.
Fais-le donc !… Tu ne seras jamais que la veuve d’Orso !…