Page:Sardou - La haine.djvu/142

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SPLENDIANO.

L’armée de César est double de la nôtre, et grossit encore à toute heure !

MALERBA.

Nous ne sommes pas en force dans la ville !…

TOUS.

Non !… non !…

ORSO.

Il est pourtant un moyen de nous voir aussi nombreux dans Sienne qu’on l’est dans l’armée Impériale !

TOUS.

Dis-le donc !

ORSO.

C’est que la moitié de la ville veuille bien cesser d’égorger l’autre !… (Mouvement de stupeur.)

SPLENDIANO.

Épargner les proscrits ?…

MALERBA.

C’est toi qui parles ?….

SPLENDIANO.

Toi, leur vainqueur !…

MALERBA.

Toi, qui les hais autant que nous !

ORSO.

Parle pour toi, Malerba !… Non ! je ne les hais plus !… (Il est interrompu par un cri de déception plus accentué encore et reprend : ) Et quand je vois César menaçant dans la plaine !… ma haine franchit les murs… et va droit à César !

MALERBA.

Nous le délestons autant que toi !… (Rumeurs. — Oui ! oui ! ) Mais il est le maître !… Il faut bien le payer pour qu’il parte !…

ORSO.

Assurément, ô Peuple, si tu ne sais, à l’heure où son armée grossit, que grossir, toi… le nombre de tes morts !…