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ACTE CINQUIÈME.

mon sang !… c’est le mieux à présent !… (Revenant à elle avec désespoir.) Mais toi !… toi !… que j’aurais pu sauver peut-être ! et qui vas mourir là… par ma faute !…

CORDELIA.

Ta faute ?

ORSO, désespéré, à genoux près d’elle.

Oui, ma faute ! oui !… ton frère t’a tuée ! c’est moi qui t’achève !… c’est moi, moi ton assassin !… Ah ! Dieu cruel !… j’avais pourtant bien expié tout le reste !… tu ne me devais plus cette douleur en mourant ! — Non ! non ! tu n’es pas juste ! (Il fond en larmes.)

CORDELIA, relevant son front et l’entourant de ses bras.

Pourquoi pleures-tu ? — N’aimes-tu pas mieux mourir avec moi ?… Notre tâche est finie !… Quittons ce monde où nous n’avons plus rien à faire !… et viens dans la Patrie céleste,… où l’on ne souffre pas !… où l’on ne hait pas !… où l’on aime !…

ORSO.

Ah ! cette main glacée !…

CORDELIA.

J’ai si froid ! (Elle frissonne.) Ma vie s’éteint tout doucement !…

ORSO, l’enveloppant de son manteau et perdant ses forces.

Comme la mienne !…

CORDELIA, grelottant dans ses bras.

Plus près !… plus près !

ORSO, l’entourant de ses bras.

Pourvu qu’on nous ensevelisse comme nous sommes là !…

CORDELIA.

Ne me quitte pas !… Je ne te vois plus !… C’est la fin !… La nuit !… Je m’endors !…

ORSO.

Cordelia !…