Page:Sardou - La haine.djvu/17

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possession d’un bon sujet dramatique, elle vous fournira toujours le milieu qui lui sied le mieux et le cadre qui le met le plus en relief. »

Et j’avais déjà vérifié l’exactitude de cet aphorisme, pour Patrie, qui, promenée d’abord de Venise à Londres, s’était définitivement installée dans les Flandres, à croire qu’elle y avait pris naissance.

Mais, pour la Haine, que de chemin je devais faire !

Je pensai d’abord à la Fronde : mais pas longtemps, il faut le dire… — Cette guerre de cancans, d’intrigues et de chansons, de ruelles et de paravents, n’était point mon fait. Et je ne voyais pas là de poitrines assez larges pour les passions que j’y voulais mettre. — Et puis où trouver là-dedans mon héros ? — Le peuple n’était pas né. — Fallait-il chercher mon homme dans cette bourgeoisie ridicule qui faisait cause commune avec ses pires ennemis, — contre la Royauté, son alliée naturelle !… Je ne voulais pas d’un héros si maladroit.

Je me rabattis alors sur la Ligue. — Mais là encore, le même boutiquier, travaillant de tout son cœur à retarder sa propre émancipation, et à livrer la France à messieurs les Espagnols…

Je remontai jusqu’à Charles VII, et toujours le même homme, patrouillant aux remparts, et repoussant dans Jeanne d’Arc l’unité française, au profit de messieurs