Page:Sardou - La haine.djvu/23

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tout !… c’est de la pitié… et cela est tout naturel ! — Quoi ! de la pitié seulement, cet empressement à le recueillir chez elle, pour assurer sa guérison ? » — Pas autre chose. — « Et quand elle empêche son frère de fuir par la chambre d’Orso… ce n’est pas de l’amour, cela ? » — Pas davantage, mais seulement la conséquence forcée de tout ce qu’elle a déjà fait pour expier son meurtre !… Voulez-vous qu’elle l’ouvre, cette porte, et qu’elle dise à Giugurta : « Le voilà, celui que tu veux égorger !… J’ai commencé !… Achève !… » — « Mais n’est-il pas horrible que pour sauver cet homme, elle expose son frère à une mort certaine ? » — Certaine… non !… possible seulement ; et, entre le péril probable de Giugurta et la mort assurée d’Orso, faites un choix pour elle, si vous l’osez !… Que l’alternative soit cruelle, — d’accord !… Aussi hésite-t-elle assez ! et Orso est bien près d’être sacrifié… quand Uberta, en entraînant le frère, dicte à la sœur son vrai devoir : — qui est de ne livrer, à aucun prix, la victime sans défense au bourreau sans pitié !

Mais enfin, tout cela n’est pas de l’amour. — C’est l’accomplissement résolu d’un acte de charité… — Rien de plus ! — L’amour n’apparaît même pas au début de la scène suivante. Le remords d’Orso ne lui gagne que son pardon. — Et ce n’est que lorsqu’il a sauvé à la fois Giugurta, les Proscrits et Sienne tout entière, que son dévouement arrache à Cordelia le cri d’amour qu’il a bien mérité !

Quelques spectateurs admettant sans difficulté l’élan