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LA HAINE.

LE FLORENTIN.

Toujours une femme, compère, à l’origine de toutes nos discordes !…

LE PISAN.

Toute l’Italie en est là.

TOUS.

Oui.

BRAGUELLA.

Oui, mais dans toute l’Italie, il n’y a jamais que deux tranches, — Guelfes ou Gibelins. — Tandis que chez nous il y en a trois !

LES MARCHANDS.

Trois !

BRAGUELLA.

Le Mont des Nobles ! — Gibelins ! — le Mont du Peuple, Guelfes, et entre les deux, le Mont des Marchands, autrement dit des riches, autrement dit des gras ! — Guelfes et Gibelins flottants, suivant l’interêt du moment ! — Or au temps dont je parle, c’est-à-dire le deux septembre de l’an passé, le pouvoir était aux mains des Marchands ou des Douze, qui depuis nombre d’années, avaient supplanté, celui des Nobles ou des Neuf ! — La bataille éclate, les Gibelins l’emportent : suppression des Douze et installation des Treize, tous Nobles ! — Mais le vingt-quatre dudit mois, nouveau combat : expulsion des Treize, réinstallation de nouveaux Douze ; quatre des anciens, cinq du peuple, trois des Neuf !… — Mais le quinze décembre, autre bataille… Expulsion des Douze, et installation des Quinze… heureuse combinaison des Neuf et des Douze ! — Mais le…

TOUS, protestant.

Oh !…

BRAGUELLA.

Oui, restons-en là ! — Bref, au moment où nous sommes, le parti regnant est celui des Nobles, autrement dit des nouveaux Neuf !… lesquels ont, depuis un an, proscrit nombre