Ne me touchez pas !… Ne me regardez pas, si vous ne voulez pas que la force me manque ! Laissez-moi parler, sans m’interrompre… au hasard… comme je pourrai ! Et faites que j’oublie que vous êtes la, et que c’est de moi que je parle !
Il ne s’agit pas de larmes !…
Giugurta… (Silence. — Ils entourent Cordelia, qui n’a pas pris garde à ce mouvement, et qui fait son récit comme s’ils n’étaient pas là, assise dans le fauteuil, l’œil fixe devant elle, et d’une voix sourde et saccadée.)
Ils avaient envahi la place et criaient : « — Nous voulons passer. Fais lever la herse ! » — Et je répondais, moi : « — Non, je ne la lèverai pas ! » — Et plus ils menaçaient, plus je répétais : « — Non, vous ne passerez pas ! » — Alors, ils ont commencé l’attaque. Comment ils ont forcé l’entrée du palais, Dieu le sait… lui qui l’a permis !… — Mais subitement je sens une main qui s’abat là, sur mon cou, comme la griffe d’un tigre, tandis que l’autre main m’entraîne à la fenêtre, en me tordant le bras ! Sur la place toute rouge… je les vois, je les entends hurler : « — Jette-nous-la, jette ! » — À quoi l’homme répond : « — Non, ce n’est pas assez pour elle de la mort ! » — Puis, je ne vois plus, je n’entends plus… Sa main m’étouffe — Il me rejette dans ma chambre… Alors, je me débats ! je crie ! je frappe ! je me dégage enfin, et me crois sauvée !… Mais l’implacable main me ramène… de mes cheveux tordus me fait un bâillon, et, suffoquée, je me sens mourir… et je tombe !
Ah ! démon !…
Quand mes yeux se sont rouverts, j’étais seule ! L’incendie