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ACTE DEUXIÈME.

rampait déjà aux murs de la chambre !… Folle d’épouvante, je me suis enfuie ! (Debout.) Oui, cette mort qui venait généreusement à moi, je l’ai repoussée… et je me suis sauvée lâchement, stupidement !… Au lieu d’y voler à ces flammes libératrices… et d’y brûler toute ma honte !

GIUGURTA.

Mais ce misérable enfin, quel est-il ?

ERCOLE.

Oui, qui ?

LODRISIO.

Son nom ?

CORDELIA, d’une voix brève, sourde.

Je ne sais pas !

UBERTA.

Un de leurs chefs ?…

CORDELIA, de même.

Je ne sais pas !

GIUGURTA.

Son visage ?

CORDELIA.

Et comment l’aurais-je vu ? dans cette nuit, à demi-morte ?…

ERCOLE.

Mais enfin !

CORDELIA, désespérée.

Mais quand je vous dis que je ne sais rien de lui, rien, et que par les rues, tout à l’heure, pleines de ces bandits, je n’en voyais pas un, sans me dire : « — C’est peut-être celui-là ! » Une horreur de plus ! Puisque ce n’est personne, c’est le premier venu… n’importe qui… tout le monde !

GIUGURTA.

Ô rage !