Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CUNÉGONDE, avec empressement, lui montrant un siège que l’on a préparé à gauche pour lui.
- Daignez accepter une chaise…
- Mon prince, et mettez-vous à l’aise.
CAROTTE, s’asseyant.
- Ah ! qu’il est bon de sortir de sa cave
- Et de s’étirer au grand air !…
(Il s’étire et bâille bruyamment. — Tout le monde se tourne vers Fridolin, comme si c’était lui qui eût bâillé.)
CUNÉGONDE, avec sévérité.
- Prince !…
FRIDOLIN, surpris.
- Plaît-il ?
CUNÉGONDE.
- Pour un margrave
- Vous vous oubliez, mon très-cher !
SCHOPP, ROBIN, TRAC, KOFFRE, PIFERTRUNCK
, riant.
- Et Votre Altesse, franchement,
- Pouvait bâiller plus doucement !
FRIDOLIN, stupéfait.
- Comment ! comment ! c’est lui qui bâille
- Et c’est moi que l’on raille…
CUNÉGONDE, à Carotte, toujoars assis.
- Ah ! mon Dieu, qu’il est bien ainsi !
CAROTTE, montrant son bonnet.
- Merci, je garde ma calotte,
- Car le grand air m’aura saisi…
(Il fait le geste de mettre le doigt dans son nez.)
- Et la dedans ça me picote !
(Même jeu. — Tout le monde regarde le prince.)
CUNÉGONDE, à demi-voix, à Fridolin.
- (bis) Ah ! prince, on va vous voir !…
- Prenez au moins votre mouchoir !…
TOUS, lui tendant leurs mouchoirs.
- Notre mouchoir !
FRIDOLIN.
- Encor !… Encor !… Dieu m’aide !
- Je deviens fou !…
CAROTTE.
- Ah ! princesse !
- Ah ! déesse !…
- Mon cœur voudrait vous dire…
(Il éternue.)
- Atchou !
(Tout le monde se tourne vers Fridolin.)