Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/110

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son Conseil qui ont quelque grain de Catholicon sur la langue, et qui ont tousjours crié qu’il ne falloit rien aigrir de peur de desesperer tout[1], nous aurions maintenant beau jeu, au lieu que nous voyons que les peuples se sont mis d’eux-mesmes à souhaiter et demander la paix, chose que nous devons tous craindre plus que la mort ; et aymeroy cent fois mieux me faire Turcq ou Juif, avec la bonne grace et congé de nostre Sainct Pere, que de veoir ces heretiques relaps retourner jouir de leur bien, que vous et moy possedons à juste tiltre et de bonne foy, par an et jour, voire plus.

Hé Dieu ! mes amis, que deviendrions-nous s’il falloit tout rendre ? S’il falloit que je revinsse à mon ancien estat, comment entretiendroy-je mon plat et mes gardes ? Il me faudroit passer par des Secretaires et Tresoriers de l’Espargne tous nouveaux, au lieu que les nostres passent par mes mains. Mourons, mourons, plutost que d’en venir là ! C’est une belle sepulture que la ruyne d’un si grand Royaume que celuy-ci, soubs lequel il nous faut ensevelir, si nous ne pouvons grimper dessus. Jamais homme qui ayt monté où je suis n’en devala que par force : il y

  1. Il s’agit du maréchal de Biron et du surintendant des finances, d’O, qui après la victoire d’Ivry détournèrent Henri IV de marcher sur Paris.