Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/144

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de memoire et pratiques, et ont quasi empieté mon credit, et devant eux encore mes collègues David et Piles[1] n’eussent pas fait grand chose sans moy, ny moy sans eux. Le pauvre Salcede sçavoit bien un tantinet du secret, mais non pas tout, et n’eut pas bon bec, car il descouvrit le pot aux roses, dont il faillit à nous perdre avec luy[2]. Toutesfois nous avons bien eu la raison de tous ces Valesiens, et l’aurons, Dieu aidant, de ces Bourbonistes, si chacun de vous y veut faire di galante uomo.

Quant à moy, Messieurs, me voicy à vostre commandement à vendre et à despendre, pourveu que comme bons Catholiques zelez, vous vous soubmetiez aux archicatholiques Princes Lorrains, et supercatholiques Espagnols, qui ayment tant la France, et qui desirent tant le salut de vos ames qu’ils en perdent la leur par charité catholique : dont c’est grand pitié. Et vous prie d’y adviser de bonne heure de peur que ce Biarnois ne nous joue quelque tour de son mestier ; car, s’il alloyt se convertir et ouyr une meschante messe seulement, cancaro ! nous se-

  1. vid était avocat ligueur, ayant très mauvais renom au Palais. Nicolas Piles, abbé d’Orbais, était secrétaire du clergé aux États-Généraux.
  2. colas de Salcède, écartelé en Grève au mois d’octobre 1582, comme complice d’une conjuration au profit de l’Espagne. Il avait compromis le cardinal de Pellevé dans ses aveux.