Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/145

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rions affolez, et aurions perdu tout à un coup nos doublons et nos peines. Mais, encore que ces bonnes gens de Luxembourg[1] et Pisani[2] le promettent à nostre Sainct Pere, il n’en sera peut estre rien. C’est pourquoy, in dubio, vous vous devez haster de vous mettre entre les mains des medecins, ces bons chrestiens de Castille, qui sçavent vostre maladie et en connoissent la cause, et par conséquent sont plus propres à la guérir si les voulez croire. Car ceux qui disent que les Espagnols sont dangereux empiriques, et font comme le loup qui promettoit à la brebis de la guerir de sa toux ; cela est faux : ce sont tous heretiques qui le disent, et tout bon catholique doit croire, sur peine d’excommunication et de censure ecclésiastique, que le preux[3] Roy d’Espagne voudroit avoir perdu ses Royaumes de Naples, Portugal et Navarre, voire son Duché de Milan, et le Comté de Roussillon, et tous les droits qu’il a aux Pays-Bas que les Estats lui gardent, et que tous les

  1. François de Luxembourg, duc de Piney, reconnut un des premiers Henri IV et lui déclara le désir qu’avait la noblesse de le voir abjurer le protestantisme.
  2. Le marquis de Pisani, envoyé à Rome par les catholiques français en octobre 1592, pour disposer le pape Clément VIII à reconnaître Henri IV.
  3. Il y a ici une sorte de jeu de mots : le preux mis pour lépreux, parce que le roi d’Espagne, Philippe II, était atteint d’une sorte de gale ou de lèpre.